Identités périurbaines

Actuellement, les villages périurbains ont très souvent un statut particulier d’entre-deux, à la fois rural et urbain. Leur urbanisation opérée depuis le milieu du XXe siècle et la densification encouragée depuis les années 2010 ont rendu leur développement souvent identique. Leur inclusion dans les programmes d’agglomération n’a pas arrangé le problème car ces villages sont relégués au rôle de producteur de logements, excluant tout développement de programmes et d’espaces publics.

Ce développement perturbe fortement l’identité villageoise la rendant parfois floue. L’architecte Pieter Versteegh déclarait en 2021 dans la revue Tracés : ”Urbaniser un village, c’est aller à l’encontre de sa structure profonde.” On peut alors se demander: Maintenant que cela est fait, qu’est-ce que l’on peut faire ?

Ce travail de master aborde cette question dans le village périurbain de Jongny (VD). Le projet tend à saisir les particularités de chaque usage des espaces ouverts, des matérialités, du bâti, de la végétation et de chaque acteur du lieu afin de proposer une possibilité de réactivation d’un ordinaire particulier.

Le projet propose un réseau d’espaces publics entre le village voisin de Chardonne et le Bois de Reule, un espace public naturel très apprécié par la population locale. De petites interventions viennent se glisser le long du parcours créant des micro-centralités à l’échelle des quartiers. Ce réseau, s’appuyant sur des chemins pédestres existants complétés par de nouveaux tronçons, encourage à une mobilité douce dans un contexte périurbain très motorisée.

Le point de flexion de ce réseau est le cœur du village où des interventions plus précises sont proposées. La topographie escarpée permets un développement d’un programme public en paliers. La rue accueille de nouveaux commerces et services de proximité dans des anciens bâtiments agricoles revalorisés. La cour d’école est redéfinie par de nouveaux bâtiments répondant aux besoins scolaires actuels. Les nouveaux bâtiments utilisent un revêtement de façade en chaux-chanvre banché afin de faire écho à la colorimétrie des façades alentours de manière durable. Puis, le cœur d’îlot et un nouveau parking-terrasse offrent la possibilité d’organiser des évènements intercommunaux.

Enfin, la végétation occupe une place très importante. Elle reprend place dans un village marqué par les pelouses et l’enrobé. Les arbres permettent de limiter les îlots de chaleur, d’ombrager des bâtiments souvent exposés plein sud et de réintroduire une végétation productive perdue au fil du temps.