Située sur le versant valaisan du massif du Mont Blanc, à 2831 mètres d’altitude, se dresse la troisième cabane d’Orny. Inaugurée en 1977, cent ans après la première, la cabane a été agrandie à deux reprises au fil des décennies. Construite sur un haut lieu de l’escalade, elle accueille aujourd’hui de nombreux grimpeurs, mais pas seulement. Implantée dans un environnement propice à l’apprentissage, elle reçoit des groupes de tous âges venus découvrir les bases de l’escalade et de l’alpinisme, encadrés par le Club Alpin. Accessible en une journée, elle constitue également un objectif privilégié pour les randonneurs. Proche du plateau glaciaire du Trient et de sa couronne de sommets alpins, elle sert aussi de halte aux alpinistes en route vers la cabane du Trient, située 300 mètres plus haut.
Les cabanes de montagne font partie de notre héritage : lieux emblématiques, chargés d’histoire, elles sont des repères dans nos paysages alpins. Pourtant, pour des raisons environnementales, programmatiques ou d’usure, nous sommes de plus en plus amenés à intervenir sur ces édifices. Les réponses architecturales sont alors multiples : mimétisme, prolongation, volume neutre, ou même reconstruction. Le projet de rénovation ici proposé adopte une attitude de dialogue avec l’existant. Sans chercher à reproduire le langage exact de la cabane de 1977, la nouvelle extension en reprend certains éléments : matérialité, volumétrie, système structurel ; pour en proposer une réinterprétation contemporaine et respectueuse.
Aujourd’hui, l’enveloppe de la cabane présente un niveau d’usure avancé : la toiture, la dalle, les planchers et les fenêtres nécessitent une rénovation complète. Cette intervention offre l’opportunité d’améliorer les performances thermiques du bâtiment, afin de réduire au maximum ses besoins en chauffage. Au-delà de la seule question de l’enveloppe, les enjeux d’autonomie et de consommation énergétique sont centraux dans le projet. Plusieurs stratégies sont mises en place : récupération de l’eau de fonte des glaciers, installation de toilettes sèches pour réduire les besoins en eau, et pose d’une toiture solaire afin de limiter le recours aux énergies fossiles.
Cette intervention est également l’occasion de repenser l’organisation intérieure de la cabane. La position de l’entrée, les dimensions des espaces de jour et la circulation sont reconfigurées pour répondre aux besoins actuels. Le réfectoire est agrandi et s’étend désormais sur toute la façade sud du bâtiment principal, afin de profiter pleinement du panorama à 180 degrés. La salle de théorie est réduite et transformée en un espace polyvalent. D’autres éléments viennent compléter le programme pour s’adapter à la diversité des usagers : des terrasses extérieures accueillent les visiteurs de passage, tandis qu’un local d’hiver indépendant, comprenant des dortoirs, permet une utilisation autonome et économe de la cabane durant la saison hivernale.