Chavalon : Réanimer sans reconstruire

Le projet prend place sur le site de l’ancienne centrale thermique de Chavalon, dans les hauteurs du Valais. Abandonné depuis les années 1990, ce vaste ensemble industriel est l’un des derniers témoins de l’ère post-industrielle en territoire alpin. Plutôt que d’effacer ou de figer cette ruine, le projet en fait un support vivant pour accueillir un programme mixte culturel et sportif, adapté aux besoins d’un territoire en mutation.

La démarche architecturale valorise la ruine dans son état : brute, incomplète, habitée par le temps. Il ne s’agit ni de restaurer, ni de monumentaliser, mais d’habiter l’existant avec sobriété. Les interventions sont minimales et réversibles : sécuriser, renforcer, insérer ponctuellement des volumes légers ou démontables. Loin d’une reconversion spectaculaire, le projet assume une logique d’incomplétude et d’évolution.

À l’intérieur, certains volumes sont réinvestis selon leur potentiel thermique ou spatial : activités sportives, artistiques ou événementielles s’y déploient selon les saisons. À l’extérieur, une trame de cheminements traverse la ruine comme un parc en friche, où la végétation gagne peu à peu sur le béton. Le lieu devient un espace d’exploration, entre mémoire industrielle et retour du vivant.

La stratégie s’appuie sur une économie de moyens : sobriété énergétique, usages saisonniers, espaces non isolés ou chauffés ponctuellement. Le site vit au rythme du climat, entre pleine occupation estivale et repli hivernal.

Ce projet propose un modèle reproductible pour d’autres friches en contexte de moyenne montagne. Il défend une nouvelle approche de la ruine : non comme une anomalie à corriger, mais comme une matière à activer — un espace libre, ouvert, en transformation.